Depuis son fauteuil roulant, la Havraise
Annaëlle Bonnot se construit un univers dans le sport et les études. Avec une réussite certaine.
Les aléas de la vie rendent parfois les situations difficiles. Annaëlle Bonnot, 19 ans, essaie de les contourner. « Je suis atteinte de la maladie des os de verre. Depuis l’âge de 11 ans je suis maintenant en fauteuil roulant, annonce-t-elle d’emblée. J’essaie de mener une vie normale cependant. Le fait de faire du sport me donne l’occasion de rencontrer plus de gens. »
Comment est-elle venue à s’inscrire à l’ATT Havre voilà maintenant cinq ans ? « Mon père a eu l’idée de rejouer au tennis de table en regardant Koh Lanta parce qu’un des concurrents y jouait. Il m’a emmené au club avec lui et j’ai tout de suite accroché », raconte-t-elle avec amusement. Des débuts en loisirs sous la houlette de Michel Peeters, l’icône havraise du tennis de table handisport. En s’entraînant, elle est parvenue à intégrer la saison dernière l’équipe féminine de Régionale 1. Une récompense pour cette jeune fille qui est classée 5, classement modeste chez les valides mais appréciable dans sa catégorie.
« C’était la première fois que je faisais des compétitions, j’ai réussi à gagner quelques parties. Ça m’a encouragé à redoubler d’efforts. »
Son entraînement est structuré. Avec Yann Delahais elle travaille la tenue de balle sur la table, les placements pour anticiper « les balles courtes et latérales, cauchemars des joueurs en fauteuil » assure la jeune Havraise. Avec Michel Peeters, les exercices sont plutôt orientés sur les services, remise de services et démarrages.
Des efforts qui lui ont permis de finir 3e des derniers championnats de France jeunes en fauteuil, sans différenciation garçons et filles. « J’essaierai de faire mieux cette année, mais il y a deux garçons devant moi qui seront difficiles à battre. Et puis, je n’ai pas souvent l’occasion de jouer en handisport, j’évolue surtout en valide », dit-elle. La fédération devrait aussi confirmer rapidement sa qualification pour les championnats d’Europe universitaires jeunes au Portugal cet été.
Sur une liste de sportifs de haut niveauAnnaelle a tellement pris goût à la discipline que c’est devenu une passion. « Ça fait partie de ma vie et je vais tout faire pour réussir le mieux possible. » Cependant tout n’est pas rose. « Pour faire des stages lors des regroupements nationaux sous la direction de Jérôme Imbert, l’effort financier est lourd et constitue un frein.
» Aussi, quand elle a appris qu’elle était inscrite sur la liste ministérielle des sportifs de haut niveau handisport Espoirs, elle n’a pas caché sa joie. « Pour moi, c’est une reconnaissance, un encouragement. Cette inscription est importante car elle va me permettre, j’espère, d’avoir des aides pour aller plus haut, m’investir davantage. »
Le tennis de table lui apporte beaucoup.« J’ai appris la patience car la progression est lente et développe encore plus ma détermination. » Et de la pugnacité, il lui en faut car parallèlement elle mène des études de Biologie à l’UEFR des sciences du Havre. Elle est en 2e année de licence, sans avoir connu d’échec. « Il ne m’est pas aisé de mener de front études et sport, il n’est pas facile de se donner à 100 %. Pourtant j’essaie de faire de mon mieux. »
Après une opération à la jambe en début de saison, elle a repris avec envie le chemin de la salle. Même si elle ne joue plus en équipe première car « le niveau est un peu élevé » pour elle, elle reste engagée avec une équipe masculine en Départementale. « Je m’entendais bien avec les filles. C’est dommage, mais c’est comme ça. » Car Annaëlle Bonnot a également l’esprit de partage.
« Elle est vraiment super, elle a un excellent esprit », dit d’elle son coach Yann Delahais.